Pourquoi est-ce qu’il est nécessaire de nous mobiliser aujourd’hui en faveur de l’éveil des esprits et des cœurs ?
Nous traversons une période unique de l’histoire avec une interdépendance planétaire jamais égalée, des menaces majeures et un temps d’action assez court. Aux dires d’éminents climatologues, les plans pour répondre aux menaces sont disponibles. Mais pas pour longtemps, et surtout, ils ne sont pas appliqués. D’un autre côté, nous vivons dans un monde multipolaire où aucun pays ou petit groupe de nations ne peut imposer à toutes les autres une marche à suivre. Une internationale des peuples a un rôle primordial à jouer dès aujourd’hui. D’elle dépendra le cours de l’histoire et l’avenir des futures générations.
La réponse à la pandémie du COVID19 a été collective et chacun d’entre nous s’est trouvé en partie mêlé aux affaires du monde. Cependant, il existe d’autres menaces majeures qui sont aussi internationales, et qui nécessitent elles aussi des réponses collectives. Les questions environnementales, les pandémies et les guerres nucléaires n’ont pas de frontière. Lorsqu’un virus survenu en Chine du Nord devient capable de tuer des proches à l’autre bout de la planète et paralyser les économies, se pose une question importante: quels moyens sont mis en œuvre pour faire face aux menaces inconnues à venir qui « nous » affecteront toutes et tous ? Le « Nous » est non seulement utilisable, mais nécessaire aujourd’hui. Il est plus qu’auparavant impératif de brandir le « Nous » en tant que signe de ralliement de femmes et d’hommes de tous les pays embarqués dans une même aventure, celle de l’heure des choix d’une planète qui vit une période critique de transformation majeure.
La réponse à apporter à cette question posée divise le monde. Les mouvements réactionnaires de type de ceux de Trump et de la droite européenne défendent une vision où chaque nation règle avant tout ses propres affaires chez elle, en toute souveraineté avec un contrôle et une surveillance stricte, notamment vis-à-vis des migrants. Ces mouvances se sentent souvent peu concernées par les questions du climat et défendent les intérêts d’une catégorie sociale plutôt conservatrice. Pour elles, rien ne doit changer dans la marche du monde, sinon mieux défendre leurs propres intérêts. En face se trouvent les mouvements populaires, le plus souvent de gauche et écologiste qui prônent une plus grande ouverture. Ils défendent un monde de justice, de coopération et de paix où le focus est mis sur la satisfaction des besoins humains plutôt que sur les intérêts de minorités.
« America first » ou bien « The world is mine » ? Deux visions de l’avenir s’opposent, chacune portant un projet singulier : une vision de fermeture, une autre d’ouverture et un temps d’action assez court, puisque les solutions existent aujourd’hui pour répondre aux défis de la planète, mais pas pour longtemps.
Et si ces clivages étaient en réalité artificiels et de faible importance ? Où que nous nous trouvions sur Terre, chacun d’entre nous est confronté à plusieurs choix quand il songe à l’avenir : croire en la fin du monde et la venue d’un messie qui ne viendra probablement pas, baisser les bras et nous laisser aller vers ce qui vient, ou alors agir, et pour cela se mobiliser autour d’un projet. La théorie du complot attire de plus en plus de monde, mais elle ne propose rien de positif. Supposons un instant qu’il y ait effectivement une conspiration mondiale d’une élite malfaisante qui voudrait anéantir la surpopulation de la planète, comme l’indique par exemple le film « Hold up » sorti durant la pandémie du COVID 19. Si cette proposition est vraie, se limiter à la décrire ne fera que la renforcer, simplement parce qu’elle serait vraiment une très mauvaise nouvelle qui ne peut conduire qu’au plus grand des pessimismes.
La théorie du complot est une réponse à l’absurde : « Si les solutions techniques existent pour donner un avenir à la jeunesse et aux générations futures et que rien n’est fait, c’est qu’il y a un plan derrière… ». Ici l’absurde est de ne pas privilégier la vie.
Une alternative positive existe à la théorie du complot
Elle consiste à défendre un plan suffisamment ambitieux qui donne l’espoir, un projet collectif qui redonne de l’attrait au monde par de l’enthousiasme, de la ferveur et de la beauté. Parce qu’aujourd’hui la beauté est en panne. Une alternative qui permet d’inverser les valeurs, de passer du pessimisme à l’espoir et de la logique mortifère qui envahit la planète à une autre qui priorise la vie.
Ce projet existe. Transformer le Sahara en ferme solaire renverserait un certain nombre de menaces en les convertissant en opportunités. Les analyses scientifiques estiment qu’un peu plus de 1% de sa superficie totale pourrait produire la même quantité d’électricité que toutes les centrales électriques de la planète réunies. Le Sahara contient aussi d’immenses ressources en eau douce en partie renouvelables qui peuvent donner lieu à des développements agricoles importants. Oui, l’agriculture dans le désert connaît des innovations majeures ces dernières années ! Le Sahara peut devenir le plus grand laboratoire du monde où seraient tentées les expériences les plus audacieuses et les percées technologiques les plus remarquables en faveur de la vie. Le Sahara est peut-être inhospitalier, mais il a la capacité de fournir une énergie durable au continent africain ainsi qu’à l’Europe, à travers l’Afrique du Nord, et de créer des oasis pour offrir des perspectives de vie à la jeunesse qui ne sera plus forcée de migrer. L’ONU estime à un milliard le nombre de migrants climatiques d’ici 2050. Deux principales zones seront affectées par les flux de population : l’Asie du Sud et du Sud Est et toute l’Afrique subsaharienne! Bien moins ambitieux que les projets sur Mars, ce projet permettra de faire d’une pierre deux coups : lutter à une échelle appropriée contre le changement climatique et offrir des perspectives de vie à la jeunesse.
La clef du changement
La clef du changement consiste à remettre la vie au cœur des priorités et à privilégier les réponses construites autour de solutions positives qui profitent à tous. La clef du changement est dans nos cœurs et nos esprits, dans notre capacité à agir en faveur de ce qui compte pour nous, et à regarder loin. Au sein d’une famille, lorsque surviennent des problèmes, ses membres se consultent et les liens qui les unissent font que des solutions auxquelles personne n’avait songé auparavant surgissent spontanément. « Nous » sommes désormais cette grande famille. Si les climatologues disent vrai, à quoi est-ce que cela sert de renier aujourd’hui cette appartenance, alors que l’urgence est d’arrêter la course au désastre, tout au moins éviter le pire ; il vaut mieux y croire, même de faire semblant d’y croire pour les plus revêches, mais dans tous les cas agir en faveur d’une internationale des peuples pour changer notre monde afin de le sauver. La solution viendra des peuples, c’est-à-dire de chacun de « nous », ou bien elle ne viendra pas, car toutes les tentatives de gouvernance mondiale ont échoué.
Cependant, pour parvenir à « nous » mobiliser, il faudra cesser de regarder l’autre avec les prismes de ses conditionnements. Parce que la solution se trouve en Afrique, avec les peuples formidables de ce continent berceau de l’humanité. Pour y parvenir, il faudra croire en la capacité de l’homme à relever ses défis et à s’élever en humanité. Il faudra devenir ce que l’on souhaite voir dans le monde et se transformer en une meilleure personne. Si un nombre suffisant fait l’effort d’ouvrir leur cœur et libérer leur esprit, alors cette force, cette internationale des peuples devenus conscients de leur potentiel servira de point d’appui pour élever le monde entier.